Pourquoi être « le premier secouriste sur place », alors qu’il existe des professionnels du secours en montagne ?
La question est légitime… Si je pars en montagne avec des amis ou en famille, je suis en droit de me dire : « S’il arrive quelque chose, on appelle les secours ! » Et c’est vrai. Mais en partie seulement. Pourquoi ?
Et bien déjà parce qu’il faut bien réussir à les appeler les secours… Et contacter les secours lorsqu’on est en montagne, dans un milieu isolé, dans une zone où le réseau est faible ou absent, ça n’est pas la même chose que contacter les secours lorsqu’on est en ville.
En théorie, les numéros d’appel d’urgence, gratuits, restent les mêmes. Il en existe tout de même 12 !
- 15 – Samu (Service d’Aide Médicale d’Urgence)
- 17 – Police ou gendarmerie
- 18 – Sapeurs-pompiers
- 112 – Numéro d’urgence européen
- 114 – Numéro d’urgence pour les personnes sourdes et malentendantes
- 115 – Urgences sociales (Samu social)
- 119 – Enfance en danger
- etc…
- et on peut aussi intégrer dans cette liste tous les numéros à 10 chiffres pour contacter directement un ami, un médecin traitant, ou encore les secours en montagne (qu’ils soient Gendarmes, Sapeurs-Pompiers ou Policiers CRS).
Le numéro à privilégier aujourd’hui est le 112 : c’est le même dans toute l’Europe, quel que soit l’opérateur, il est donc particulièrement adapté dans les zones frontalières (essayez d’appeler le 15 ou le 18 sur un réseau espagnol, andorran ou italien !). Le 114 présente aussi un intérêt pour nous, en montagne : un SMS peut parfois être envoyé alors qu’un appel ne passera pas en raison d’une couverture réseau insuffisante…
Mais dans ce milieu isolé, s’il n’y a aucun réseau, on est bloqué, le téléphone ne passe pas, et donc ce mode d’alerte ne fonctionne plus. Il va falloir trouver d’autres options…
Mais, admettons, vous arrivez à contacter les secours. Que faîtes vous en les attendant ?
Savez-vous que les délais d’intervention en montagne varient de quelques minutes à plusieurs heures ? Cela dépend évidemment de plusieurs paramètres : il y a une différence entre la randonnée sur sentiers et le hors-piste, il y a une grande différence selon le département ou le massif (les secours arrivent plus vite dans Alpes que dans les Pyrénées), et il y a une énorme différence en fonction des conditions météorologiques (en cas de mauvaise météo, les hélico ne volent pas, et les secours arrivent à pieds en caravane terrestre !) ! (source : ANENA)
Si on fait une moyenne (qui n’a de sens que pour se donner une idée), on peut estimer un délai moyen d’arrivée des secours professionnels sur place de 40 minutes après l’alerte.
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Alors, que faîtes-vous avec votre victime et le reste du groupe pendant 40 minutes ?
Si vous ne faîtes rien d’autre qu’attendre, vous et votre groupe vous exposez à un risque de sur-accident. Et tout le monde est concerné : la victime, le secouriste, les témoins ! Selon les conditions météo (ou un éventuel autre risque objectif comme une chute de pierres par exemple), « 1 victime + 1 secouriste + 6 témoins » peuvent vite se transformer en « 8 victimes + 0 secouriste »… La mise en protection de tout le monde est donc primordiale.
Mais, admettons, il n’y a pas de risque de sur-accident. Avez-vous conscience que la victime peut mourir en quelques secondes d’une hémorragie, ou en quelques minutes d’une obstruction des voies aériennes par un bouchon de neige ? Savez-vous que, dès la première minute sans oxygène, le cerveau souffre et peut présenter des séquelles irréversibles ? Savez-vous qu’une victime ensevelie sous une avalanche a 91 % de chances de survie si elle est dégagée en moins de 18 minutes, et qu’elle n’a plus que 34 % de chances de survie lorsqu’elle n’est dégagée qu’au bout de 35 minutes ?
Rappelez-vous que les secours ne seront là que dans 40 minutes… Pensez-vous toujours pertinent et légitime de vous dire : « En cas de problème, j’appelle les secours et je les attends… » ? Bien sûr que non. Que faire alors ?
Avez-vous consulté le programme des formations « Montagne et Secourisme » ?
- La formation estivale, intitulée « Secouriste Autonome en Montagne » vous donne toutes les clés pour vous sentir plus à l’aise dans la prise en charge de n’importe quelle victime, lors de votre activité outdoor en milieu isolé. Protection, alerte, gestion des hémorragies, de l’obstruction des voies aériennes, perte de connaissance, arrêt cardiaque, malaises, traumatologie et pathologies diverses en lien avec votre activité, matériel de secours, hypothermie, etc. Le programme déjà bien complet est consolidé par 1 journée entière de mises en situation sur le terrain, au cœur de votre pratique. A la fin de la formation, vos yeux et vos oreilles ont capté des connaissances, votre cerveau les a assimilées, et vos mains ont mis en pratique les gestes et les procédures pour soigner et sauver des vies…
- La formation hivernale, « Sauveteur Secouriste Avalanche », a été développée par et pour l’ANENA (Association Nationale d’Étude de la Neige et des Avalanches : https://anena.org/), et se divise en 2 parties : le Sauvetage Avalanche en Autonomie (1 journée), et la « Prise en charge d’un avalanché » (1 journée). La formation « Sauveteur Secouriste Avalanche » est spécifique à la victime d’avalanche, et s’articule autour de la pratique de la randonnée la montagne en hiver (raquettes ou ski de rando). L’objectif reste néanmoins toujours le même : gagner des minutes de vie avant l’arrivée des secours professionnels.
Ces 2 formations sont complémentaires et n’abordent pas les thèmes de la même façon. A titre d’exemple, lors de la formation hivernale, on traitera une hémorragie principalement avec du matériel acheté dans le commerce (plus efficace et rapide à mettre en œuvre), alors que lors de la formation estivale on s’attachera plutôt, dans le scénario pédagogique, à fabriquer un garrot ou un pansement compressif « de fortune »… Ce qui est appris dans l’une est revu dans l’autre, mais développé différemment. Parce qu’été comme hiver, vous serez le premier secouriste sur place !
Allez vite jeter un œil sur les prochains stages (https://montagne-et-secourisme.fr/#dates), et n’hésitez pas à m’envoyer un message si vous avez besoin d’un renseignement (guillaume@montagne-et-secourisme.fr)…
Profitez de la montagne, et prenez soin de vous !